Ces enfants qui veulent seulement être aimés
- Géraldine Redouté
- 10 oct.
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 23 oct.

En tant qu’ancienne enseignante, et au regard de mon propre chemin d’enfant que j’ai récemment retraversé par l’écriture, j’ai eu envie d’adresser ces mots aux parents, enseignants et éducateurs.
Et peut-être, aussi, à toi, adulte d’aujourd’hui, si quelque chose de tout cela résonne avec ton histoire d’enfant.
Les mille visages du besoin d’amour
Les enfants ont mille façons d’essayer d’être aimés.
Souvent, ces comportements naissent inconsciemment : ils ont des stratégies de survie émotionnelle et des tentatives maladroites mais touchantes de mériter l’affection, la reconnaissance ou simplement l’attention.
Certains deviennent les "parfaits" - ceux qui veulent bien faire, réussir et ne jamais décevoir. D’autres choisissent l’humour : les clowns, les amuseurs, qui font rire pour qu’on les regarde avec tendresse. Certains prennent très tôt le rôle du protecteur, de celui qui s’occupe des autres, comme un petit adulte. D’autres, au contraire, se font remarquer par la provocation : le rebelle, qui teste les limites, car même une attention négative vaut mieux que l’indifférence. Il y a aussi le caméléon, discret, qui s’adapte pour ne déranger personne. L’enfant malade ou fragile, lui, attire l’amour par le soin qu’on lui porte. Et puis, il y a le médiateur, celui qui veut sauver la paix, éviter les disputes et apaiser les grands. Sans oublier le compétiteur, qui cherche à être le meilleur, à briller pour être reconnu et, à travers cette reconnaissance, aimé.
Et bien sûr, un enfant peut passer de l'un à l'autre selon les périodes, les situations, les personnes...
Aucun de ces comportements n’est « mauvais » en soi. Mais lorsqu’ils deviennent des conditions à l’amour, ils enferment l’enfant dans une idée fausse : celle qu’il doit mériter d’être aimé. L’idéal, bien sûr, serait qu’il se sente aimé inconditionnellement, simplement pour ce qu’il est.
À l’adolescence : le même besoin, autrement
En grandissant, le besoin d’amour et d’appartenance reste central. Mais chez l’adolescent, il prend d’autres formes, souvent teintées de quête d’identité et d’autonomie.
Certains deviennent conformistes, cherchant à ressembler au groupe pour ne pas être rejetés. D’autres, provocateurs ou rebelles, testent les limites : « Aime-moi même si je ne fais pas ce que tu veux. » Certains jouent la séduction, cherchant à plaire, à briller et à être admirés. D’autres se font confidents ou soutiens, endossant des rôles d’adultes avant l’heure pour se sentir utiles. Il y a aussi ceux qui surinvestissent, les performants, persuadés que leur valeur dépend de leurs résultats. D’autres encore deviennent caméléons émotionnels, cachant ce qu’ils ressentent pour ne pas déranger. Et puis, il y a les solitaires, qui se replient, prétendant n’avoir besoin de personne, mais souvent pour se protéger de la peur du rejet.
De nouveau, l'adolescent peut passer de l'un à l'autre selon les périodes, les situations, les personnes...
L’adolescence, c’est ce moment délicat où l’on cherche à être aimé sans se trahir. C’est un passage où le besoin de reconnaissance est immense, mais où l’enjeu est de découvrir que l’amour vrai ne se négocie pas.
Le drame de l’enfant "sage" - Quand le calme cache un cri silencieux
Être face à un enfant sage, c’est rassurant. On le félicite, on le trouve discret et "mûr pour son âge". On dit qu’il ne fait pas de vagues, qu’il comprend vite et qu’il n’a "pas besoin" de plus.
Mais qui, vraiment, se demande ce qu’il ressent ?
Derrière le calme, il y a souvent un monde intérieur en apnée, des émotions étouffées, des besoins tus, et/ou des peurs bien dissimulées.
Ces enfants ont appris très tôt à lire les humeurs des grands, à deviner ce qu’il faut faire ou dire pour ne pas déranger. Ils deviennent experts dans l’art de répondre aux attentes… jusqu’à perdre le contact avec leurs propres besoins.
Alice Miller, dans Le drame de l’enfant doué, parle de ces enfants au don particulier : celui de ressentir "trop". Hypersensibles aux émotions des autres, ils développent une adaptation extrême. Ils deviennent "parfaits", "sages", "faciles", non pas parce qu’ils le sont, mais parce qu’ils ont compris que leur authenticité pouvait mettre l’amour en danger.
Ils se coupent alors de leur vérité intérieure, et grandissent en croyant qu’ils doivent toujours "bien faire" pour mériter d’exister. Et plus tard, devenus adultes, ils se sentent souvent vides, incapables de dire non sans culpabilité, ou d’exprimer leurs besoins sans craindre de décevoir.
Mais ce n’est pas une fatalité, car on peut véritablement réapprendre à se reconnecter à soi, à s’aimer autrement et à se choisir sans honte.
Ce que les adultes peuvent faire
Parents, enseignants, éducateurs, retenez que derrière un enfant sage, il y a souvent un enfant qui se protège. Son calme n’est pas toujours une force, mais parfois une stratégie de survie émotionnelle, inconsciente bien sûr.
Il ne s’agit pas de pousser un enfant à s’opposer ou à se révolter, mais de lui offrir l’espace d’exister vraiment, de pouvoir dire quand ça ne va pas, sans craindre de décevoir, d’avoir le droit d’être triste, en colère, fatigué, ou encore capricieux parfois. De sentir qu’il est aimé non pas pour ce qu’il fait, mais profondément pour ce qu’il est.
Le rôle de l’adulte, c’est d’apprendre à écouter ce qui ne se dit pas, à percevoir le cri silencieux derrière la sagesse, et de lui montrer qu’il n’a pas besoin d’être parfait pour être digne d’amour.
Et cela commence, bien souvent, par notre propre façon d’être. Un enfant apprend moins de nos discours que de nos exemples ; la manière dont nous gérons nos émotions, dont nous accueillons nos fragilités et dont nous osons être imparfaits.
S’il nous voit demander pardon, exprimer nos limites, ou montrer notre vulnérabilité sans honte, il comprendra qu’il peut, lui aussi, être vrai.
Lui offrir la permission d’être vivant
Votre rôle est de maintenir, cultiver ou de lui permettre - s'il s'en est éloigné - de se reconnecter avec son Enfant Intérieur. Ce qui suppose que vous, adultes, vous soyez également en contact proche et serein avec l'enfant que vous avez été. Je vous explique cela de manière courte : ici.
Accompagner un enfant, ce n’est pas lui enseigner la perfection, c’est lui offrir la permission d’être vivant, de ressentir, de douter, de se tromper, d’apprendre, et aussi de se sentir aimé, même quand il n’est pas "sage", ou quand il trébuche.
Car l’amour, le vrai, celui qui construit, n’exige rien, il accueille, il écoute, il libère.
Et c’est dans cet espace-là - fait de bienveillance, de présence et d’humanité - que les enfants, et plus tard les adultes qu’ils deviendront, peuvent enfin respirer pleinement et oser être eux-mêmes.
Je vous accompagne sur votre chemin d'éveil à vous-même pour de meilleures relations à vos enfants, votre entourage, votre partenaire, etc.
Avec cœur,
Géraldine Redouté
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